A la croissanterie
par Laurent7869
par Laurent7869
C’est un grand froid qui tout délabre
La rue dirait un candélabre
Qui a fondu ses cinq bougies
Que fais-je ici les yeux rougis
A loucher regard éclaté
Dans le fond d’un café latte
A émietter un vieux croissant
Dans un journal en le froissant
J’ai trop cherché dans le brouillard
Le démiurge des scribouillards
La déité des savantasses
J’en bave par-dessus ma tasse
Que fais-je ici, que fais-je là
Jamais hiver ne me gela
D'une morsure aussi intense
On dirait que la vie me tance
Et dans le fond quelle importance
Pour un cœur toujours en partance
Nous nous irons si je le veux
En ne laissant que mes cheveux
En souvenir à ce guêpier
Pointes muettes de mes pieds
Il y a deux vieux qui mesquinent
Sur un divan de molesquine
Comme des gamins amoureux
Et c’est tant mieux, tant mieux pour eux
Le sens commun et des affaires
J’en ai plus trop rien à en faire
J’ai de plan plus élaboré
Que de partir dans la borée
De tout laisser, de disparaitre
Dans l’autre vie j’étais un reître
Mercenaire du duc d’Orange
C’est pas de fuir qui me dérange
Il fait si froid. L’horloge atteint
Les cinq heures vingt du matin
Elle en ricane de sonner
Pour les matinaux forcenés
Et les putains et les truands
Et les tramways tonitruants
Que tourne son orbe éternelle
Sur le comptoir, sa ritournelle
Ca sera sans le bon Laurent
Le vagabond éteint, l’errant
Qui ne s’apitoie jamais trop
S’engouffrera dans le métro
En se rêvant sous d’autres cieux
Sur le bord d’un îlot spécieux
En s’agrippant à son tricot
Quand il finira son fricot
Quand crépitera l’halali
Du café bu jusqu’à la lie.
Poème posté le 01/04/18