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Poésie d'hier / Vladimir Maïakovski
           
Poésie d'hier / Vladimir Maïakovski
       
Poésie d'hier / Vladimir Maïakovski

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Vladimir Maïakovski
par Vladimir MAIAKOVSKI

Highslide JS
par Vespertilion


D’un coup j’ai barbouillé la carte du quotidien en faisant gicler la couleur hors du verre; j’ai exposé sur un plat de gélatine les pommettes torves de l’océan. Sur les écailles de fer-blanc d’un poisson j’ai lu l’appel de lèvres nouvelles. Et vous, vous le pourriez, jouer un nocturne sur la flûte de la gouttière ? -- Est-ce vous Qui comprendrez pourquoi, Serein, Sous une tempête de sarcasmes, Au dîner des années futures J’apporte mon âme sur un plateau? Larme inutile coulant De la joue mal rasée des places, Je suis peut-être Le dernier poète. Vous avez vu Comme se balance Entre les allées de briques Le visage strié de l’ennui pendu, Tandis que sur le cou écumeux Des rivières bondissantes, Les ponts tordent leurs bras de pierre. Le ciel pleure Avec bruit, Sans retenue, Et le petit nuage A au coin de la bouche, Une grimace fripée, Comme une femme dans l’attente d’un enfant À qui dieu aurait jeté un idiot bancroche. De ses doigts enflés couverts de poils roux, le soleil vous a épuisé de caresses, importun comme un bourdon. Vos âmes sont asservies de baisers. Moi, intrépide, je porte aux siècles ma haine des rayons du jour; l’âme tendue comme un nerf de cuivre, je suis l’empereur des lampes. Venez à moi, vous tous qui avez déchiré le silence, Qui hurlez, Le cou serré dans les nœuds coulants de midi. Mes paroles, Simples comme un mugissement, Vous révèleront Nos âmes nouvelles, Bourdonnantes Comme l’arc électrique. De mes doigts je n’ai qu’à toucher vos têtes, Et il vous poussera Des lèvres Faites pour d’énormes baisers Et une langue Que tous les peuples comprendront. Mais moi, avec mon âme boitillante, Je m’en irai vers mon trône Sous les voûtes usées, trouées d’étoiles. Je m’allongerai, Lumineux, Revêtu de paresse, Sur une couche moelleuse de vrai fumier, Et doucement, Baisant les genoux des traverses, La roue d’une locomotive étreindra ton cou.



Poème posté le 29/12/10 par Rickways

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 Poète
Vladimir MAIAKOVSKI



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 Illustrateur
Vespertilion



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