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Livre et CD / Immortelle
Immortelle
Chris Laure


Type d'ouvrage: Roman

Nombre de page: 130

Prix: 14

Date d'édition: 30/09/2003


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Présentation

Pour Sophie, artiste peintre à la quarantaine lumineuse, la séduction est un opium. L’amour un combat. Emergeant d’une grave maladie, elle doit réapprendre à aimer et apprivoiser un corps mutilé. Serge, l’homme fatal, sera l’instigateur d’une expérience insolite dont elle sera l’instrument. Comment une femme peut-elle se réconcilier avec sa sexualité après un cancer qui l’a touchée dans sa féminité ? Comment préserver la flamme de la passion et échapper à son érosion ? Telles sont les principales questions abordées dans ce roman qui pose un regard tantôt cru tantôt exalté sur les rapports amoureux. Le sujet de cette fiction réside autant dans son étrange dénouement que dans la quête d’absolu et d’éternité de ses personnages dont nous pénétrons sans détours l’intimité.






Extrait

Elle semblait débordée. Ravie à la fois. Un peu fatiguée. Cheveux courts de garçonne, presque de bébé : blonds, fins, soyeux. Teint hâlé faisant ressortir, plus pâles, les légères rides de mouette rieuse, aux coins des yeux très bleus. Demandée à droite, félicitée à gauche, un plateau de toasts d’une main, une coupe de champagne de l’autre, elle se partageait au mieux entre ses nombreux invités, à peine connus d’elle, pour la plupart. Sans se départir de son sourire surmené, contraint parfois, devant ces faiseurs de palabres. Sous prétexte de s’intéresser à ses toiles, ils ne parlaient que d’eux-mêmes, de leurs succès, en occultant leurs déboires artistiques. Avatars masqués, sublimés. Des incompris en chasse d’écoute et de jolies jeunes femmes.



Sophie était l’une de ces (encore) jeunes femmes. Sur la sellette ce soir-là, elle était la cible de ces messieurs en quête d’une oreille féminine complaisante et d’une paire d’yeux faussement émerveillés par le talent qu’ils s’attribuaient. Que les siens fussent si bleus la distinguait encore un peu plus des autres femmes, réparties en deux catégories : coquettes embourgeoisées et souvent sur le déclin, et pseudo-muses bohèmes au look néo-hippy chic.



Le bleu de ses yeux aurait pu à lui seul lui tenir lieu de parure. Mais elle avait pris soin de mettre un peu de mascara sur ses cils pâles. Neufs, les cils, eux aussi, comme les cheveux. Pris le temps aussi de nouer sur ces derniers un léger foulard de mousseline aux zébrures bleutées. Un vieux réflexe récemment acquis, pour cacher la transitoire déchéance. La maladie. Partie pourtant. Sans doute. Aucun doute ? Ne plus y penser. Baisser les paupières brièvement pour en gommer le souvenir quand il resurgissait, lancinant comme une rengaine. Puis les rouvrir très grands, et lancer à la vie un nouveau défi. Il se dégageait de cette expression, nouvelle chez elle, un charme inédit. Le cercle d’admirateurs s’agrandissait. Le charisme opérait. La magie de la séduction. Son opium. Le meilleur pour combattre la mort.



“Mais vos toiles au juste, ça parle de quoi ? Il y a parfois une telle violence. Mais aussi tant de douceur, là.”



Il s’était avancé vers elle d’un pas décidé, écartant d’un geste sûr les imposteurs, les inopportuns avides de gâteries, de flatteries et de champagne. Désignant d’un doigt caressant les lignes d’une toile, la lumière diaphane d’une autre.





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