La Moire a ri


La Moire a ri
Et dans l'armoire
A déposé
Les draps de lit

Ton histoire
N'est pas finie
De ton linceul
Tu ne sais rien

Mais un beau jour
Il faudra bien
Que je revienne
Ouvrir l'armoire !

Et dans le noir
La Moire a ri !




Les Moires étaient trois:
• Clotho filait les jours et les événements de la vie.
• Lachesis enroulait le fils et tirait le sort de chacun.
• Atropos coupait avec ses ciseaux le fil de la vie.

Bonsoir,

c'est bizarre, ton poème me fait penser à l'expression "tisser son linceul" dont j'ai pu mesurer la justesse à plusieurs reprises...

Nous le tissons chaque jour, Sylvain, mais nous n'osons nous l'avouer lorsque nous craignons la mort...Je ne la crains pas pour moi, mais pour ceux qui m'entourent !

terrible

Mon mari a été recouvert du beau linceul , drap brodé qui recouvre tous les morts de la famille, en Corse et qui sert à la "présentation "du corps sur le lit tant que les croque-morts ne sont pas venus mettre le corps dans le cercueil. Ensuite, on enlève le drap qui est lavé, repassé et gardé pour le prochain rituel.

mon père était croque-mort et je fus son assistante toute petite

Donc tu dois avoir un rapport à la mort très particulier ! J'ai vu la mort de très près toute petite et malgré cela ou à cause de cela, j'ai pu accompagner jusqu'à leur dernier souffle quatre personnes de ma famille et un ami.

non, l'expression par chez moi a un tout autre sens...

Se soulève ici le voile de terribles tragédies ...

Je ne vois pas quel est le sens de cette expression, Sylvain, chez nous elle n'est pas utilisée !

ce sont les mourants, qui, sur leur lit de mort font tous le même geste. Les bras le long du corps, ils "triturent" avec leurs mains le drap sur lequel ils sont .Je pense que l'expression dans sa réelle signification a dû être "détournée" pour se transmettre par "tradition orale " dans le sens où moi j'en ai pris connaissance pour à chaque fois faire le même constat . Oui, les mourants font cela .Je me souviens, que ma sœur, voyant que mon père le faisait , lui prenait les mains (avec violence ) et les plaçait ailleurs, autrement, et replaçait le drap bien à plat . Par la suite, j'ai été frappé de voir que toutes les personnes qu'il 'm'a été permis d'accompagner dans leur fin avaient toutes ce même geste .
Voilà Marcek à quoi moi j'ai pensé quand j'ai lu ton poème ...

C'est une expression que je ne connaissais pas et qui est impressionnante en effet lorsque l'on sait ce qu'elle évoque !
Je n'ai pas remarqué ce geste dont tu parles auprès de mes mourants, ce qui m'impressionnait c'était le râle parfois interminable. Ce n'est pas très gai tout cela mais ce n'est que la réalité. Et il faut avoir le courage de s'y confronter.

Oui, la mort fait partie de la vie.
personnellement je pense que la mort n'est qu'un passage obligé vers autre chose, ayant vécu une EMI (d'ailleurs Piwi a écrit un texte à ce sujet ) je suis serein face à elle...c'est même à partir de cette expérience que ma vision des choses à brusquement changé ...Je ne suis plus le même

Je n'ai pas fait cette expérience, mais j'ai beaucoup lu là -dessus après la mort de mon époux et je suis arrivée à une sérénité moi aussi !Et chaque jour me conforte dans cette "certitude " de passage vers une autre vie.

Oui, il y a même l'histoire d'un aveugle de naissance qui a pu, après cette expérience détailler avec précision la bague que sa femme portait alors qu'il ne l'avait jamais vu...quant à moi, j'ai entendu distinctement la voix de ma mère qui me disait que je devais repartir et vécu un voyage assez impressionnant, j'ai longtemps cru que j'avais rêvé, je ne connaissais pas les EMI...ce n'est que bien plus tard, par hasard, que j'ai su que d'autres que moi avaient vécu la même chose et chaque détail est ancré en moi comme une marque de quelque chose que j'ai décidé de prendre comme un privilège :)