Salus
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Posté à 15h23 le 26 Jan 17
Glose N° 6
(Où l'auteur vous avoue un peu son incurie :
Se flattant d'expliquer mieux que ce qu'il comprend,
Il est, comme Villon, parmi tous ceux qu'on pend,
Le bouffon, le vilain que la foule injurie !)
Amies et amis du signe et de la littérature, j'implore votre clémence pour les nombreuses imperfections de ma "rubrique foutraque" ; j'ai eu le malheur de me relire, c'est bien simple, je n'y suis pas arrivé !
Piètre excuse, mais tout ça est fait "à l'arraché", sans préparation ni habitude, En blitz !
- Tant pis pour la postérité, reprenons notre train en marche...
...Un 15 ème siècle infesté de guerres, révoltes, famines, et exactions diverses, la routine moyenâgeuse ! (Villon fera peut-être partie des"Coquillards", bande plus ou moins organisée de dangereux ruffians).
Littérairement, la France semble ramer dans de vieilles façons, cependant qu'en Italie, Dante et Pétrarque font péter le top cinquante, chez nous, la Renaissance se fait attendre...
Toutefois, l'usage de la prose se répand et le théâtre prend une place prépondérante, même si le professionnalisme n'est pas encore né - les acteurs s'improvisent au gré des fêtes ; les textes des "pièces" sont toujours rédigés en vers.
François de Montcorbier, dit Villon disparaît de ce siècle torturé un beau soir de 1463, et nul ne connaît la suite de ses aventures...
Il aura perpétré bien des forfaits, commis quelques ignominies, et marqué la poésie d'une empreinte indélébile ; en partant, il laisse la porte ouverte au lyrisme moderne.
Puis, et donc, c'est la Renaissance ! et une tendance au retour de la culture gréco-latine, un certain humanisme (comprendre en fait, l'étude des lettres antiques) ; Rabelais ou Clément Marot, chacun à sa façon représentant une forme d'héritage direct des siècles précédents, tandis que Ronsard ferait plus preuve d'un modernisme que je trouve au reste maniéré, quoique d'une redoutable facture ; comparons :
Clément MAROT (1497-1544)
De la rose
La belle Rose, à Vénus consacrée,
L’œil et le sens de grand plaisir pourvoit ;
Si vous dirai, dame qui tant m'agrée,
Raison pourquoi de rouges on en voit.
Un jour Vénus son Adonis suivait
Parmi jardin plein d'épines et branches,
Les pieds sont nus et les deux bras sans manches,
Dont d'un rosier l'épine lui méfait ;
Or étaient lors toutes les roses blanches,
Mais de son sang de vermeilles en fait.
De cette rose ai jà fait mon profit
Vous étrennant, car plus qu'à autre chose,
Votre visage en douceur tout confit,
Semble à la fraîche et vermeillette rose.
Pierre de RONSARD (1524-1585)
Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Je vous quitte, en vous laissant méditer sur cette confrontation de deux monuments du 16 ème siècle...
Salut !
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Posté à 17h00 le 27 Jan 17
Ce que j'aime, c'est que, pour les cancres, ceux qui n'osent pas lever le doigt tant ils ont peur de dire des bêtises,
qui ne connaissent pas grand chose en poésie, parce qu'ils ont étudié autre chose, ou n'ont rien étudié du tout...
mais qui ont en eux l'amour de la langue, des mots, de leur histoire et signification,
l'oreille sensible aux harmonies sonores (instinct ? génétique ?)
qui ont acquis, sous l'influence du milieu social et culturel où ils évoluent habituellement, un esprit logique et rationnel...
Pour ceux-là, il est intéressant de voir la poésie descendue de son piédestal et remise dans son contexte historique..
Merci Salus
Je lirai le reste, sage et captivée, depuis le banc tout au fond de la classe
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