Un homme n'est plus


Au village,
Un homme n'est plus.
Un homme d'une grande amabilité.
Je le croisais souvent.

Sur la fenêtre de sa maison,
celle que l'on aperçoit de la route,
un pot de chrysanthèmes,
insolite en cet emplacement.

C'est le printemps,
les arbres, les champs verdissent.
Les fleurs sont jaunes, rouges, blanches.
Les chrysanthèmes sont mordorés.

Le chant des oiseaux
commence tôt le matin,
se prolonge jusqu'au soir,
jusqu'au noir de la nuit.

Les brebis sont au pré,
Chaque jour le facteur, dans sa voiture jaune,
arrive ponctuellement à treize heure trente.
Des papillons aux ailes immaculées parcourent l'espace.

Un insolite pot de chrysanthèmes.
Qui n'est resté qu'un jour sur le rebord de la fenêtre.
Le souvenir, le regret, l'adieu.
Les chrysanthèmes sont mordorés.

Les fleurs sont jaunes, rouges, blanches.

Combien triste cette nouvelle
Qui chagrine le coeur voisin,
La chrysanthème fut oracle ,
Triste le rebord sans sa fleur,
Mordoré restera le souvenir
D'y penser , on peut se permettre de sourire,
Le rebord de la fenêtre fait si vide...

J'aime bien ! Si vous en avez marre du loto, lisez donc Ottomar, ce sera plus gratifiant !

Le problème c'est qu'il n'y a pas grand chose à gagner sinon ma reconnaissance poétique amicale.

Le langage des fleurs ! une multitude de nuances suivant les pays

symbole de deuil en France
de noblesse au Japon
d'amour en Chine ..

Merci Oxalys pour ces précisions.

Superbe

Merci Violette pour votre appréciation.

Beau et touchant...d'ailleurs, de plus en plus les villages sont touchants...Merci!

Oui, il y a encore dans certains villages du Lot, où je suis, la sincérité et la vérité' des hommes et des paysages. En ce sens, ils restent "authentiques".

La ville n'a plus d'âge
Le village, lui, vit sans âge..
Le chrysanthème..ce n'est pas une crise d'amour ?

J'y vois un hymne à la vie, la vie qui continue avec ses mouvements. Un mort et rien ne change.

Lili et Ann, vous me faites penser à ce passage de Milan Kundera
" notre vie quotidienne est bombardée de hasards, plus exactement de rencontres fortuites entre les gens et les événements, ce qu'on appelle des coincidences ...mais peut- on avec raison reprocher à l'homme d'´etre aveugle à ces hasards et de priver ainsi la vie de sa dimension de beauté'.
(L'insoutenable légéreté de l'Etre")

Cueille la vie pendant qu'il est temps et plante-moi en terre quand il sera temps avec deux larmes, ça devrait suffire pour te faire pousser un sourire à mon souvenir.

Pourtant, nous sommes ainsi fait notre conscience nous porte à faire un deuil plus long que nos amis les animaux.
Humains, nous ne sommes pas raisonnables.

D'ailleurs le charme d'une ville, fut-elle grosse à s'imaginer "métropole", ce sont ses petits quartiers comme des villages anciens, entre chiquet et simplicité...Oui, insoutenable légèreté...