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Auteurs Messages

Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 22h08 le 19 Feb 18









YHWH :



Je suis du monde la couleur,
La douceur, la langueur et la sève.
La joie et le bonheur, les cris, l’orfèvre 
Des enchantements : lumières et désir,
Et les ébats rêvés sans la paix retrouvée.

Je suis du pire le meilleur ;
La vague lascive où meurt la grève
Et l’incendie attisé de genièvre,
Le grand Phénix inconsumé, le plaisir !
Je suis la proie et le chasseur ; la Vouivre ailée !

Rebelle au ventre maraudeur,
Je nourris les humains du grand rêve,
Le songe à vif, plus véloce qu’un lièvre,
L'extase qu’infirme, Adam chut à saisir…
Je suis rétive à Dieu ; l’insoumise échappée !

La mort aux enfants de la Sœur !
Sur votre descendance est mon glaive !
Malédictions et mépris pour le mièvre !
Et qui n’aime amour du corps trouve où gésir
En son remugle interne et loin de ma nuée !

Souple et charnelle, âpre candeur,
Lune rousse ! Acre lait de ma fève !
Fée ou démon, Mélusine et Guenièvre,
Légende bien plus qu’ancienne, au Graal rosir !
Vous tous dans mon histoire, errez, comme Asmodée…

J’enfante à flots diables et peur,
… Djinns ! je suis Lilith, la première Eve !
Je suis les nuits et le hibou qu’enfièvre
L’onanisme ; autour du gueux, sous le vizir,
J’investis la semence éperdue, ulcérée,

Et de mon flanc, fleuve tueur,
La cohorte succube s’élève
Murmurant les mots secrets de l’Assyèvre…
Ha ! je vois le chœur des anges se transir !
Ô religions et blasphème ! - Et Toi ! l’Incréé…







Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 22h20 le 19 Feb 18

Me manquent les mots adaptés
A cette création subtile... confus


Oxalys
Membre
Messages : 3226


Posté à 09h45 le 20 Feb 18

Que de guerres, de meurtres, de sang et de mots a-t-il fait couler, que l‘on met sur son compte quel que soit son nom, imprononçable accusé, créateur incréé que d’autre appelle Yahvé !


Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 10h14 le 20 Feb 18


Merci aux sœurs Aurore et Oxalys...


Oxalys
Membre
Messages : 3226


Posté à 12h15 le 20 Feb 18

Non Sieur Salus !
Pas soeurs !
Passagères sur le même bateau, à la rigueur ! Sourire


Ancienmembre
Membre
Messages : 391


Posté à 13h00 le 20 Feb 18

Quelle dextérité !
clindoeil
Je te renvoie le compliment, mais sans le moindre soupçon d'ironie.

Il faut en effet être attentif pour remarquer que ces quintils sont bâtis sur quatre rimes, avec ces assonnances annexes (sève/orfèvre) dont tu causes dans le PPPF.
Bien que discrètes (ce qui est une vertu) elles sont bien loin d'être étrangères à la fascination qu'exerce ce poème.

Coucou


Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 13h15 le 20 Feb 18


A Oxalys :

Ouah ! C'était pour de rire !


Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 13h23 le 20 Feb 18


Pour Obofix :

Si le poème fascine
C'est que le but est atteint ;
Le reste, basse cuisine*
(*Verlaine) ...le reste astreint !


Ancienmembre
Membre
Messages : 391


Posté à 13h35 le 20 Feb 18

On peut être un immense poète, comme Verlaine, et proférer des conneries.
La "basse cuisine" est ce qui fait la différence entre Mac Donald et Bocuse et entre le pauvre Lélian et le poétereau lamda.


Salus
Membre
Messages : 6952


Posté à 13h48 le 20 Feb 18


Verlaine à certainement proféré des conneries, mais là n'est pas la question, et cette image, dans l'"Art poétique", fonctionne parfaitement, je ne résiste pas au plaisir d'offrir cet intense poème plein d'azur, de musique et d'ironie, et dont les derniers vers comptent parmi les plus beaux du monde.




Paul VERLAINE


Art poétique

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

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