Signaler un contenu inaproprié.

Page : 1

Vous devez être connecté ou demander l'accès au forum pour répondre à ce message.

Auteurs Messages

Ann
Modérateur
Messages : 3488


Posté à 12h17 le 18 Jan 18

Une fois l’an, il avait l’habitude de passer chez les petites gens aux oreilles pointues et aux pieds poilus. C’était toujours la fête quand la communauté le voyait déboucher au dernier virage avant le village. Mais il y avait plusieurs étés que Gandalf n’avait pas partagé son rire et sa musique avec la campagne opulente du comté de ces Hobbits facétieux, fumeur d’herbe à pipe.
C’était, il y a très longtemps, bien avant la Guerre de l’Anneau. Les Hobbits cultivaient la Terre et la creusaient de luxueux trous dont ils faisaient leur douillette demeure. Ils brassaient la bière et fabriquaient toutes sortes d’objets pour amuser leurs mains habiles. Ils adoraient festoyer. Les Hobbits ne connaissaient ni la jalousie, ni la médisance. Quand ils se disputaient, c’était pour jouer comme de jeunes renards innocents.
– Il est revenu, il est revenu, crièrent quelques enfants qui n’étaient pas encore nés la fois dernière où Gandalf avait séjourné dans le Comté. Gandalf faisait pourtant partie de leur jeune vie car ils écoutaient des heures, les histoires que les adultes racontaient à la veillée : des contes merveilleux, des aventures extraordinaires et les épopées des héros, des nains, des elfes et des magiciens comme Gandalf.
– D’où viens-tu ? demanda un petit
– Tu es bien curieux, tu es le fils de Sam l’Ancien, répondit le magicien. Et toi, voyons. Ne serais-tu pas l’enfant chéri de Sybille et de Tom ?
– Comment savez-vous ? fit la petite, étonnée.
– Tu oublies que je suis un magicien, répondit Gandalf aux yeux pétillants de malice. Puis, sortant une flûte de dessous sa pelisse, il ajouta, attisant la curiosité des enfants : « Je l’ai volé à un attrapeur de rats ».
– Ce n’est pas beau de voler, osa le plus âgé de la troupe.
– Et ce que tu caches contre ton ventre, d’où le tiens-tu vilain garnement ? réprimanda Gandalf
L’enfant rougit et se justifia : « Oh moi, ce n’est pas pareil ! J’ai toujours très faim et j’adore le chou rouge et puis c’est mon grand-père qui les a plantés. »
Gandalf s’apprêtait à jouer quand le frère jumeau du petit mangeur de chou demanda : « C’est qui l’attrapeur de rats ? Raconte, dis raconte.»
– Je reviens des contrées de l’est. Hameln est très loin d’ici. Je suis vieux, fatigué et j’ai très soif. Vous devrez patienter, ce soir après un bon repas, fit le magicien sans bagages.
– Nos mamans nous enverront nous coucher bien avant, pleurnicha un garçon.
Gandalf répandit sur le chemin, des friandises et de menus présents pour les gamins enchantés qui le suivirent en joyeuse farandole. Le magicien aurait bien pu les emporter jusqu’au bout du monde inconnu au son de sa flûte : « La maison est derrière, Le monde est devant. Nombreux sentiers ainsi je prends ».
Toute la communauté vint saluer le voyageur qui s’arrêta net devant le logis de Bungo Sacquet. Il aimait décidément ce petit peuple qui, de génération en génération ne perdait pas sa bonhomie enfantine. Mais cette fois, il ne venait pas pour une simple visite de courtoisie, il avait une mission. Pour l’accomplir, il avait besoin des Hobbits. Ce soir-là, il devait leur demander un sacrifice, un grand sacrifice, peut-être le plus grand sacrifice qu’on put demander à un Hobbit.
– Ah mon ami ! Je suis bien heureux de te retrouver la même bonne mine qu’autrefois, fit Bungo
– Et toi, combien cela te fait-il ? Quatre-vingt ans, fit le magicien.
– Tu me flattes Gandalf. Je suis bien plus vieux que cela. Demain, je fêterai mes quatre-vingt-dix-neuf ans entouré de toute ma famille et de mes précieux amis. Toutes ces jeunes pousses qui t’ont accompagné jusqu’à mon trou sont mon secret de Jouvence. Pourrais-je imaginer une vie sans l’animation de ces enfants… La prochaine fois, je te pends par les oreilles et… fit Bungo interrompu dans sa conversation par un panier qui s’aplatit brutalement à ses pieds, brisant sur son passage, une vitre du salon.
Un nuage de gros criquets échappés du panier s’éparpilla dans la pièce.
– Ces chenapans ont toujours une bêtise d’avance et le meneur n’est autre que le fils de ma fille Belba qui attend son quatrième.
– Les enfants n’ont pas que du bon, Bungo, ria Gandalf puis se penchant sur son ami, il ajouta en confidence : « J’aurais sans doute une solution pour assurer ta tranquillité ! »
– Des cordes pour les attacher ? suggéra Bungo
– Non, quelques choses de bien plus efficaces. Mais ce soir, saurais-tu encore organiser un repas arrosé de ta meilleure bière. Je rêve depuis des semaines d’une pipe au coin du feu. J’aurais à parler à tous les hommes de ce village, fit Gandalf.
– Que crois-tu Gandalf ? fit offusqué le Hobbit. Les ordres sont déjà donnés pour organiser un banquet en ton honneur. En attendant, assieds-toi et raconte-moi depuis notre dernière rencontre.
– Ce soir. Il te faudra attendre ce soir, répondit le magicien. Les femmes seront-elles présentes ?
– Bien sûr, quelle idée ! Ce sont nos compagnes… Puis à voix basse, Bungo ajouta : mais si tu as une idée… tu sais comme pour les enfants… Nous pourrions leur trouver une occupation car elles passent leur temps à nous surveiller, nous contredire et nous crier dessus : « Tu fumes trop, tu empestes toute la maison. Tu as encore mangé ceci et as-tu besoin de boire de la bière, tu ferais mieux d’aller faire du jardin… Essuie-toi les pieds sur le tapis… et gnagnagna ». Tu es célibataire, tu ne peux pas comprendre Gandalf.
– Mais si mon ami, je comprends. C’est pour cela que je suis seul, rétorqua le magicien.
Le soir finit par tomber sur les Terres du Milieu. La nature s’endormait alors que les Hobbits s’activaient autour des tables. Le festin fut une réussite. Ce ne fut pas une surprise pour Gandalf qui connaissait sur le bout du palais, le sens de l’hospitalité du petit peuple. Les esprits des maris s’échauffèrent dans les vapeurs des liqueurs, leurs épouses les houspillaient pour ramasser les miettes. Puis elles donnèrent l’ordre aux enfants d’aller se coucher.
– Il est tard, les enfants. Vous devriez dormir depuis longtemps. Inutile que vous assistiez aux tristes exemples que sont vos pères quand ils abusent de tabac et d’alcool ! vitupéraient les mères outrées par l’attitude de leurs compagnons qui passèrent rapidement des ritournelles louant les bonnes manières aux chansons paillardes.
– Ce n’est pas juste, protesta le petit Frodo. Gandalf avait promis de raconter l’histoire de l’attrapeur de rats. Gandalf !
Gandalf avait mangé comme un ogre, roté comme un troll, bu comme un trou, juré comme un nain et fumé comme une bûche mouillée. Il chantait à tue-tête avec ses amis en ayant complètement oublié sa mission. Mais l’assemblée sursauta quand la porte céda sous un violent coup de sabot, suivi de l’atterrissage d’un coq qui débarrassa la table en un clin d’œil. Le volatile poussa un cocorico qui dégrisa soudain les hobbits. Gandalf soudainement reprit ses esprits pour faire les présentations :
– Je vous présente de nouveaux amis que j’ai croisés sur ma route en revenant des contrées de l’Est.
– Des amis que tu abandonnes dehors au froid et sans dîner, aurait brait l’âne si la conjugaison de ce verbe fut possible. Il gueula donc comme un âne : Homme ou magicien, à jeter dans le même panier. Vous savez pourtant bien exploiter nos compétences ! Nous, les animaux avons le tort de faire confiance aux bons sentiments des hypocrites…
– Grison, du calme. Accepte mes excuses, fit Gandalf et qu’on apporte de l’eau et de la nourriture à mes amis musiciens…
– Du grain et des vers, fit le coq
– Et du lait, fit un chat aux poils hérissés
– Je ne refuserais pas les reliefs d’un gigot, fit un chien au cou pelé.
– Tout de suite ! crièrent en chœur les enfants contents de l’aubaine d’échapper à l’autorité de leurs mères effrayées par les cris et le désordre de la ménagerie.
Gandalf reprit la parole : « Grison que voici est un âne qui soupçonne son propriétaire de l’avoir voulu transformer en saucisson après de longues années de dévouement. Clairon, pour avoir chanté l’heure du lever, fut pourchassé par la cuisinière à laquelle il ne laissa que quelques plumes en souvenirs. Je vous présente Beppo le chat qu’on voulut noyer et Patelin que voici couché à mes pieds, convaincu de quitter son maître avant qu’il ne lui fasse quitter le monde. »
L’heure de la veillée était largement dépassée et le lendemain, les Hobbits souhaiteraient les quatre-vingt-dix-neuf ans de Bungo Sacquet. Ce n’était pas un évènement exceptionnel, Bungo était encore un Hobbit d’âge tendre mais tous les prétextes étaient bons pour festoyer et danser. Gandalf se tairait donc jusqu’au surlendemain des réjouissances auxquelles les quatre musiciens de Brême se mêlèrent : Grison au luth, Beppo le chat au cornet à bouquin accompagnèrent la voix claire de baryton du coq. Clairon fut porté en triomphe jusqu’à un tas de fumier fumant comme il aimait alors que Patelin excella à la viole d’amour. Le concert finit sur une tresque farandole qui mena coucher les Hobbits jusque très tardivement dans la matinée suivante. Heureusement que Clairon fit son travail sinon comment aurais-je écrit la suite de ce conte ?
***
La matinée était claire. Les rires des femmes qui éclaboussaient les murs du lavoir s’éloignaient vers le pré où elles allaient étendre leur linge. On entendait les enfants en promenade sur les talus fleuris, chanter leur table de multiplication. C’est ainsi que leur maitre donnait à ces petits sauvageons, le goût du savoir et de la curiosité sans leur ôter la gaieté et l’engouement du jeu. Le peuple des Hobbits était âpre aux durs travaux des champs. Les terrassiers démontraient leur valeur quand ils creusaient le sol ensorcelé par les silex, les bûcherons rivalisaient de courage pour convaincre les arbres de se laisser dompter par la hache alors que les chasseurs n’avaient pas leur pareil pour ruser le gibier. Gandalf profita que les Hobbits étaient occupés loin du village pour entamer avec Bungo la discussion qu’il savait délicate.
– Je dois reprendre la route dès demain pour atteindre au plus vite les Montagnes Bleues dans le territoire des Nains, commença Gandalf
– Tu n’es pas bien ici ? Pepa ne t’a-t-elle pas servi un copieux petit déjeuner ? Je ne comprends ton besoin de parcourir des endroits infestés de trolls des cavernes et d’entes ombrageux dès qu’il s’agit de leur contrarier une branche, frissonna Bungo.
– Ton épouse est une hôtesse parfaite mais je dois remplir mes devoirs. L’aventure est le piment de la vie pour un magicien. Les Hobbits sont casaniers, je sais. Nous sommes différents, voilà tout ! répondit Gandalf.
– C’est vrai, je ne troquerai pas ma pipe contre ton bâton de voyageur, fit Bungo
– Et pourtant, j’ai à te dire des choses graves qui concernent toute ta communauté, continua Gandalf.
– Soudain, tu m’inquiètes mon ami ! Nous vivons en harmonie avec la nature qui pourvoit à tous nos besoins. Nous mangeons et nous nous amusons jusqu’à plus soif. Je ne connais pas ce mot de GRAVE, à part peut-être quand Pepa oublie de poser sur la table les sauces aigres-douces et les cornichons dont je raffole au diner, fit méfiant Bungo. Vide donc ton sac, Gandalf ? Il n’est pas grand mais si plein de ressources que nous pouvons tout à la fois craindre et convoiter les cadeaux que tu ne manques pas de nous apporter à chacun de tes voyages.
Gandalf confus, se rappela qu’il avait omis d’offrir des présents aux adultes dont ils étaient pourtant si friands. Mais il était si préoccupé à son arrivée et puis le festin en son honneur et la fête d’anniversaire lui avait grignoté sa vieille mémoire. Il savait pourtant l’importance que les Hobbits accordaient à ce geste ; ils restaient un peu des enfants toute leur vie. Ils craignaient de sortir du giron confortable de leur comté natal mais ils adoraient voyager par les menus objets étranges que les visiteurs leur apportaient et par les récits qu’on leur faisait…
– Tu te souviens de notre conversation de l’autre jour. Je te disais que j’avais la solution pour les enfants qui importunent si souvent ta tranquillité ! continua le magicien. Je ne quitterai pas seul le comté.
– Je compte effectivement que tu emmènes tes quatre musiciens. Je ne suis pas disposé à entretenir une ménagerie, fit mine de comprendre Bungo inquiet de l’orientation que prenait la conversation
– Tu commences à comprendre Bungo, continua Gandalf
– Tu n’emmèneras ni Tobold ni aucun autre enfant que je devrais choisir, protesta soudain Bungo
– Ne te fâche pas Bungo, tu n’auras aucun choix à faire. Ils m’accompagneront tous à la Montagne Bleue. Ils reviendront tous sains et saufs, heureux d’avoir accompli un exploit, affirma Gandalf. Mais si cela peut te rassurer, j’invite leur maitre d’école à veiller sur leur éducation en accompagnant la jeune troupe.
– Je m’y oppose, bomba Bungo. Il faudrait me passer sur le corps
– Ne me tente pas mon vieil ami, reprit Gandalf amusé. Je te laisse informer les familles. Que les enfants soient prêts au prochain lever du soleil, les oreilles et les pieds propres, sera un minimum.
– Tu sembles bien sûr de toi, fit Bungo
– Mais je le suis assurément. Sois heureux que je t’informe, fit Gandalf en quittant Bungo redoutant d’affronter les parents et surtout les mères qui deviennent de vraies tigresses quand on leur retire leurs petits.
– Tu aurais pu me dire pourquoi une telle décision, Gandalf, soupira Bungo qui savait que son ami magicien ne jetait jamais les mots en l’air, qu’il faisait ce qu’il disait sans que personne ne puisse le contrer.
– Vos enfants seront chargés de délivrer de jeunes humains d’Hameln enlevés à leurs parents, fit Gandalf. Les vôtres seront en sécurité. Les musiciens Grison, Clairon, Beppo et Patelin veilleront à écarter tous les dangers. Ils vous reviendront avec des mines de retour de colonie de vacances.
Les parents eurent beau faire pour contraindre leur progéniture de rester auprès d’eux, rien n’y fit. Les cordes se détachèrent, les portes s’ouvrirent, les bras des parents en tombèrent. Ils assistèrent impuissants au départ des jeunes Hobbits suivant le magicien Gandalf jouant de la flûte volée à l’attrapeur de rats d’Hameln. « : « La maison est derrière, Le monde est devant. Nombreux sentiers ainsi je prends ».
Le soir venu, ils bivouaquèrent dans la plaine des spectres. Le maitre d’école à force de fréquenter un jeune public, était resté un enfant et n’avait pas résisté à l’appel de la flûte. La route de ce premier jour fut longue pour dissuader quelques garnements de retourner auprès de leur famille. Les enfants étaient épuisés mais connaissaient enfin sur le bout de leurs doigts, leur table de multiplication. On alluma un feu de camp, on s’installa autour et Gandalf raconta enfin l’histoire de l’attrapeur de rats qui, faute d’avoir été payé par les parents pour ses loyaux services, s’était vengés en enlevant leurs enfants innocents. Puis la troupe s’endormit sous la garde des animaux musiciens. L’âne puis le chien firent à tour de rôle leur quart. Le chat qui aimait la nuit prit le relais, laissant ensuite le soin à Clairon le coq de guetter le réveil du soleil. Après une rapide toilette et un solide déjeuner, le convoi reprit la route vers la Montagne Bleue. Ainsi passa les jours et les nuits. Les orques, les trolls et les gobelins fuirent devant le concert insoutenable des quatre musiciens de Brême. La troupe emprunta bientôt le sentier glissant menant aux portes du royaume des nains. Les Entes n’offraient plus aucun abri contre le vent glacial et la neige. Les enfants pleuraient leurs mères et pourtant ils continuaient leur ascension, conscients désormais de leur mission car seule l’innocence pouvait sauver l’innocence. Il n’y avait que ces enfants de Hobbits pour ramener les fruits du rapt du joueur de flûte, un puissant magicien qu’on nommait Saliman le Maléfique.
Les Nains qui n’ont pas la réputation d’être aimables, ouvrirent pourtant leur antre. Mais pourvu qu’on ne touchât pas à leurs trésors, ils laissèrent les enfants s’égayer dans les profondeurs de la Montagne. Chaque Hobbit ramena un jeune humain auprès de Gandalf. Ce fut long car les enfants préféraient la liberté dans ces Terres pourtant inhospitalières plutôt que de retourner auprès de leurs parents qu’ils trouvaient trop sévères. Ils ne voulaient plus que les adultes leur imposent l’école, puis des corvées à la maison. D’autres étaient encore plus récalcitrants aux souvenirs des coups que leur infligeaient gratuitement un parent ou une quelconque institution. La plupart fut convaincue de l’amour de leur famille sincèrement inquiète de leur sort, ils avouèrent même que leur foyer leur manquait. Il y en eut quelques-uns pour qui les quatre compères musiciens se firent les avocats pour plaider leur cause auprès du magicien et du pédagogue. Gandalf et le maitre d’école acceptèrent finalement de prendre sous leur aile ces petites victimes, le temps qu’ils deviennent des hommes et des femmes libres. Il en manquait trois à l’appel. Pastis, Sam et Rosam ne ménagèrent pourtant pas leur peine mais rien n’y fit, Gûnther, Franz et Gertrud restaient introuvables. Ils portaient l’empreinte indélébile des lieux de perdition dont ils s’étaient délectés avant l’âge.
– Nous ne pourrons rien pour eux et personne ne les attend plus, c’est triste mais c’est ainsi, fit Gandalf donnant le signal du retour vers les Terres du Milieu. L’hiver commençait à frapper, la troupe avait pris du retard.
***
Le retour fut long mais pas toujours pénible. Les entes à l’humeur changeante dévièrent d’abord les tracés formés par les passages répétés des animaux et des êtres à deux jambes. Ces arbres plantaient leurs racines en plein milieu des chemins puis s’en allaient la nuit se poser plus loin en arrière. Les voyageurs épuisés n’y comprenant plus rien, n’entendaient pas leurs rires bêtes car les entes ne sont pas méchants, ils ne sont que taquins. Pourtant, Gandalf finit par mettre le holà à ces vilaines plaisanteries car les enfants avaient véritablement peur de ces ombres dans la forêt… bien plus peur que du loup et des orques.
La troupe finit par atteindre la petite prairie ravagée à cette époque de l’année par les tornades. Il fallut faire des tranchées où les marcheurs restèrent confinés plusieurs jours. Un Troll emporté par le vent finit sa course perché dans un nid d’aigles impériaux. Le monstre appelait sa mère en poussant des cris déchirants. Les enfants sont bien connus pour n’avoir pas de cœur : ils mouraient de rire à la vue de ce spectacle poignant. Les petits Hobbits remplis de compassion savaient que la présence d’une maman est essentielle dans les grands moments de détresse. Ils plaignaient sincèrement ce vieux Troll désemparé car il s’agissait bien d’un vieux Troll perclus de rhumatisme. Gandalf suivi des enfants et des Hobbits atteignirent enfin la grande Plaine.

Les quatre musiciens qui fermaient la marche, se formèrent en pyramide, Grison campé sur ses quatre membres supportait Patelin qui, lui-même avait sur le dos, le chat. Le coq vola tout en haut, plantant ses ergots dans le dos de Beppo qui hérissa ses poils de douleur :
– Combien de fois t’ai-je dit de faire attention, sale coq à vin ! protesta le chat sortant les griffes.
– Ça ne me suffit pas de t’avoir constamment sur le dos chat de malheur, il me faut supporter en plus de ton sale caractère, tes griffes ! Tu es pire vermine que mes puces ! renchérit le chien menaçant l’équilibre de la troupe.
– Si ça continue, je vous vire de mes épaules et je vous finis à coups de sabots, foi de Grison ! gueula l’âne peu enclin à la patience.
C’est le moment que choisit Clairon pour annoncer : « Le Comté en vue, le Comté en vue ! »
Le maitre d’école en avait profité pour commencer une leçon de choses à ses élèves qu’il fit asseoir en rond.
– Voyez, ce batracien n’est pas un crapaud ordinaire… Le maitre d’école, Geargon Latric ne finit pas sa phrase qu’enfants et Hobbits sautèrent en hurlant.
L’attaque des Fourmis Rouges fut l’épreuve la plus dure à combattre de tout leur périple. L’invasion des araignées volantes ne fut à côté qu’une contrariété, les massues des orgues fut une partie de plaisir vite interrompue par leur cri de guerre de la horde des musiciens de Brême. La leçon fut interrompue. On ne sut jamais ce que ce batracien avait de si particulier. Frodo enfouie discrètement l’animal dans le fond de sa poche avec l’idée de le faire frire ce qu’il fit d’ailleurs dès son retour à la maison. C’est ainsi que le dernier Prince Charmant finit en goûter moelleux.
Quand la troupe arriva chez les Hobbits, les parents étaient déjà sur les talus impatients de serrer leur progéniture dans leurs bras. Les mères firent des croche-pieds aux pères qui leur barraient le chemin. Il ne manquait pas un seul cheveu à aucun des Hobbits juniors. La communauté honora comme il se devait, les enfants humains. Cela dura une semaine entière puis ce fut le temps de la séparation. Gandalf fit un rapide discours emprunt d’émotion et de bonnes paroles. Il finit ainsi :
– Je reviendrai, c’est promis les amis mais je dois accompagner ces enfants jusqu’à leur famille. Hameln est loin d’ici mais ils sont vaillants. Ils ont beaucoup appris auprès de vos propres enfants. Je suis confiant. Grison, Beppo, Patelin et Clairon reviendront auprès de vous pour y demeurer car ils savent ce que valent les adultes humains : à peine un pet de lapin.
Les habitants d’Hameln furent soulagés de retrouver leurs enfants sains et saufs. Les notaires n’avaient plus à réfléchir aux lois sur l’héritage. Les pères pourraient soulager leur besoin d’autorité par quelques baffes et les mères plonger dans l’eau mousseuse et bouillante leurs enfants sales comme des peignes de chauve. On traita les enfants de menteurs ou de doux rêveurs mais on leur pardonna en leur distribuant les travaux accumulés pendant leur absence. Ils ne mouftèrent pas car l’usine à punition avait repris du service dès la cérémonie des retrouvailles remisée au placard des promesses jamais tenues.
Ne vous étonnez pas si par hasard, vous passiez dans le Comté, d’entendre un luth, un cornet à bouquin et une viole d’amour accompagner un chœur de Hobbits. S’ils n’étaient pas morts depuis longtemps, les musiciens de Brême vous ouvriraient tout grand leur cœur comme les Hobbits vous accueilleraient les bras tendus pour recevoir mille cadeaux comme ils aiment en recevoir. Mais ceci n’est qu’un conte puisque vous n’êtes après tout que des Humains, que vous ne croyez en rien d’autre qu’à la guerre, la richesse et au pouvoir qu’elle procure. Dommage, vous ne vivrez jamais longtemps heureux.


Pierre
Membre
Messages : 6469


Posté à 12h35 le 18 Jan 18

Tolkien sors de ce corps!! cool


Ann
Modérateur
Messages : 3488


Posté à 12h40 le 18 Jan 18

Au bout de quatre lignes, vous arrêterez sans doute votre lecture, vous disant que vous avez lu le Seigneur des anneaux et qu'il est inutile de perdre son temps avec un mauvais plagiat.
Vous avez tout à fait raison mais ma proposition est ailleurs.

Je vous propose une trame de conte qui mêle un maximum de notre littérature traditionnelle comme j'ai introduit les musiciens de Brême et le joueur de flûte d'Hamelin.

J'ajouterai selon mon inspiration des chaussettes à mon texte initial mais je vous invite si le coeur vous en dit de participer à ce jeu.


Pierre
Membre
Messages : 6469


Posté à 12h43 le 18 Jan 18

eh! avant d'écrire j'ai lu jusqu'à "Frodo enfouie discrètement l'animal..."


Marcek
Membre
Messages : 5106


Posté à 12h43 le 18 Jan 18

Ça turbine sous le chapeau d’Ann ! ( Je n’ai pas dit le bonnet ! ) Sourire


Marcek
Membre
Messages : 5106


Posté à 12h47 le 18 Jan 18

Moi j’ai lu en diagonale : je relirai tout posément quand j’aurai dix nez !

Vous devez être connecté ou demander l'accès au forum pour répondre à ce message.

Page : 1