Je ne comprenais pas.
Pourquoi une émeraude pour aller aux toilettes ?
Et puis, j'avais programmé un périple avec un ami, Michaël, (à la recherche d'un diamant perdu) au Mexique, pour le mois prochain ; et, comme je l'ai dit, je ne voulais aucun objet de valeur pour ne pas tenter les éventuels bandits.
Je lui répondis cependant que je l'accompagnerai volontiers, juste par solidarité.
Elle fit tourner un peu ses yeux globuleux dans leur orbite, mais, sans doute sous l'emprise de sa vessie, elle prit mon bras sous le sien.
Nous ne fîmes pas cent mètres, qu'elle s'appuya très fort sur mon poignet, releva sa robe de façon charmante, et fit pipi au nez d'un cheval que cela réveilla en sursaut.
Ce faisant, elle se mit à chanter très fort, et je compris que ce n'était pas son premier voyage en diligence, et qu'elle devait en connaître tous les rouages et les parades.

Elle jeta sa culotte, qui vaudrait aujourd'hui une fortune au salon des antiquaires, assez loin dans les buissons ; elle riait à gorge déployée et, pour la première fois, je m'aperçus qu'elle était encore toute jeune dans son esprit.
Je lui serrai la main, un peu gauchement, mais je ne pus m'empêcher de lui faire un bisou sur la joue, qui sentait bon la poudre de riz, comme ma grand-mère.

Je me dis encore une fois que ces voyages en diligence valent vraiment la peine d'être vécus, et que dans ce petit avion dont on m'avait parlé, il ne devait pas arriver tant de choses, puisque c'était fait pour les gens pressés.

Tiens, je ne voyais plus Harpagon.
Où était-il passé ?

Quant à Pierre Vassiliu, comprenant enfin à quel point il était incongru, il avait quitté la diligence en nous disant au-revoir et en nous serrant la main.
On ne sut jamais qui c'était, celui-là.

(Louis de Funès, et puis aussi d'autres personnes que j'ai rencontrées lors de ce voyage, sont des inconnus et toute personne existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence, je ne les jamais revues depuis.)

Combien avait duré cette première halte ?
Plusieurs jours, il me semble …
Alors, on nous aurait menti sur la brochure ?
C'était moins loin qu'on ne croyait, mais les haltes étaient plus longues que les trajets.
Je pensai à mon amie Monique qui m'avait parlé d'un certain Club Merde, où tout est compris :
le transport, le séjour, la réception, et avec un D, la déception.
Malgré tout, si je lui parlais de ma petite aventure en diligence, je suis sûre qu'elle me regardera avec ses yeux de chatte, réfléchira un peu, et me dira :
-Oh, darling !
Tu me donneras l'adresse du site !
Envoie-moi un mail .
Qu'est-ce que c'est chou ! » (A suivre)

Ce voyage va nous amener très loin dans la fantaisie !
On te suit !