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Ann
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Posté à 12h09 le 14 Nov 17

Dans la fleur de ses vingt ans, Josette s’était en se mariant, volontairement flétrie avant d’avoir eu l’ambition de s’épanouir, rangeant son intelligence au musée des épouses sans saveurs. C’était un sabordage salué par les sourires de tantes satisfaites du devoir accompli et rythmé par les chevalières de leurs époux claquant contre les épingles à cravate sur les bedaines à l’image de leur réussite financière, supposée acquise à la force virile des poignées de main scellant les bonnes affaires et investissant en actions les dots de fiancées innocentes. Mais Il fallait bien qu’en prenant docilement femme sur les conseils avisés d’un père justement inquiet d’un avenir toujours incertain, il y eut compensation à l’ennui marital et que les maris se consolent dans les chambres de bonnes.
Ce joli monde étouffait les scandales d’une liasse de billets mais on ne pouvait décemment que rire sous cape de la déchéance d’une sœur en la repoussant délicatement comme on l’aurait fait d’une lépreuse. On ne sut jamais véritablement ce qui se passa dans ce foyer à la dérive, on savait juste que le naufrage attirait inexorablement Dany, le fils ainé dans les bas-fonds de la folie. Il suffisait au reste de la famille bienpensante de quelques prières à peine sincères pour racheter le drame dont ils se faisaient complices par leur mutisme. Ces petits bourgeois prudents redoutaient pire que l’opprobre, les demandes récurrentes d’argent dont ils ne pouvaient faire l’éventuelle aumône sans encourager la mauvaise gestion et la vulgaire dépravation. Ce n’était pas un principe d’arrivistes mais une démarche éducative. Puis les liens s’effilochèrent jusqu’à l’oubli convenu de l’existence de cette parentèle embarrassante.
Leur parente, la mère de Dany et de Josette, geignait à juste titre d’une existence difficile dans laquelle elle se complaisait sans que sa jeune fille puisse comprendre un tel comportement. L’enfant arrivée tardivement dans ce couple décomposé avait eu le culot de refuser de faire son catéchisme en préférant parfaire son éducation chez des voisins peu recommandables.
Elle subissait la violence de l’alcoolisme et plus encore l’humiliation bien sentie dans la cour d’école dont une institutrice se faisait le parangon de la bêtise. Josette subissait ce foyer en déliquescence comme avant elle, son frère tombé dans le premier collet invisible et toxique d’une longue chaine posée par sa mère dont les plaintes étaient un piège de glu sucré plus sûr que le chant des sirènes emportant les marins loin de leur famille.
Josette trop jeune n’échappa pas toujours aux manigances quelquefois involontaires de sa mère victime des agressions du père. Mais l’adolescente devenue avait l’obsession de fuir l’enfer sans se préoccuper d’en analyser les causes. Le devenir de ces gens pour qui elle nourrissait de la honte l’indifférait. Il lui suffisait de savoir qu’ils restaient une entrave à son envol.
Le temps est du côté des manipulateurs, ils survivent aux alcooliques. L’emprise mentale continuait son œuvre quand la violence immédiate s’atténuait avec l’affaiblissement de la maladie. Alors que le père emportait les instruments de sa passion jusque dans son refuge, une maison de campagne qu’il arrangeait dans sa solitude, la mère de Dany et de Josette trainant sa bonne figure d’ange travailla à la destruction de son entourage au-delà de sa propre mort. Malgré les menaces de succomber bientôt au poids de la vie qui ne fut pas tendre avec elle, elle s’y accrocha comme les sangsues à leurs victimes. On n’échappe guère aux manipulateurs d’une telle envergure.
***
La naissance de sa fille Fleur, avait sonné l’alarme. Josette avait rejoint la tribu des vieilles mettant toute sa personnalité en sommeil. Alors que ses facultés mentales étaient remisées aux espoirs avortés, Josette n’avait d’attraits physiques que ceux très restreints de satisfaire un époux peu expert en la matière. Elle s’en contentait, d’abord affairée par les occupations ménagères et les contraintes maternelles de grossesses qui s’enchainaient, puis prise par le doute et la routine, elle oscillait entre l’acceptation et la révolte d’une vie qui n’en finissait pas.
La pauvre fille pouvait remercier sa belle-famille salvatrice qui l’accueillait parmi les siens dont Cathy, sa belle-sœur qui avait bénéficié des faveurs d’un mai 68 moins regardant encore sur l’obtention des diplômes qu’à la situation enviable de parents bien placés pour offrir le poste honorable d’institutrice, donnant à la titulaire une carte de visite mieux remplie que son cerveau que le vent même avait déserté. Josette n’était pas dupe de ce nid d’intellectuels supposés, préoccupés plus de leurs futures vacances que de leurs prochains. Elle soupçonnait ses propres qualités et laissait couler le reste en dodelinant de la tête.
Elle s’amusait, elle s’agaçait, elle finit par valider ses incompétences supposées par la tribu, à deux doigts de renoncer. Puis elle se fâcha, chassant un jour cette sauterelle de Cathy qui dispensait le mal autour d’elle. Elle avait poussé le bouchon un peu loin et Josette accumulait la rancœur depuis trop longtemps. Au royaume des écolo-bobo-gauchos mal dégrossis aux idées réactionnaires, elle était mauvais sujet. On lui reprocha de faire des histoires. Déjà toute petite, la sauterelle était malfaisante, aussi manipulatrice que fainéante et inintéressante, préoccupée de son seul nombril. La famille le savait, se taisait et subissait cette manipulatrice abjecte.
***
Comme chaque jour d’école, Josette se présenta devant la salle de classe pour récupérer son fils inscrit en dernier année de maternelle. En accord avec la directrice, le petit Tom était scolarisé avec sa tante Cathy.
– Vous êtes sûr Madame Mirez ? Je peux inscrire Tom chez notre autre collègue… Avec un patronyme en M, c’est facile d’inverser avec un autre nom… C’est ainsi que la directrice de l’établissement interpella Josette alors qu’elle répartissait les élèves pour la rentrée prochaine.
- C’est gentil mais je ne veux pas de traitement de faveur. Et Tom est un enfant qui ne pose aucun problème.
– Je sais bien. Tom est un enfant sage et éveillé. Nous sommes entre nous. Le problème serait plutôt du côté de votre belle-sœur. Si vous saviez combien de parents viennent s’en plaindre. Mais l’équipe pédagogique doit faire avec et elle arrive à embobiner quelques personnes.
– J’en sais quelques choses. Mais ce n’est que la troisième année de maternelle, nous prenons guère de risques, répondit la mère tout de même un peu anxieuse.
C’était début janvier que la goutte déborda du vase ou plutôt que le pou de trop dans son pot de yaourt déclencha la guerre.
Josette n’avait pas encore pris par la main son fils qui semblait tout chose que l’autre furie lui tendit méchamment un pot en l’interpellant à la cantonade avec un air qui se voulait spirituel :
– Tiens, je te rends ta famille, fit l’instit prenant plus ou moins à partie les parents qui partaient la tête basse pour éviter l’orage.
– C’est quoi, ça ? demanda Josette
– Deux poux que j’ai trouvés sur la tête de ton fils…
– Et si la connerie s’attrapait comme les poux ? Par mesure de précaution, je déscolarise ton neveu, il ne s’en portera que mieux… Et toi, fais en sorte de ne jamais plus croiser ma route. Rassure-toi, je n’ai pas à faire la publicité de ton comportement, ta réputation est faite depuis longtemps, fit furibonde Josette en laissant tomber le pot de verre qui se répandit sur le sol en pépites de soulagement.
– Ce n’était qu’une plaisanterie ! plaida Cathy
Josette remercia ce fléau qui réveilla en elle son caractère. Elle se promit de ne plus jamais ni supporter les manipulateurs, ni d’acquiescer aux faibles volontairement bafoués de leur libre arbitre. « De l’air, de l’air ! La vie est trop courte pour se laisser emmerder par les cons » fut la phrase libératrice que proféra Josette.
Josette se savait la cousine d’une branche déchue de la famille paternelle de son mari. On en causait peu comme on cache d’un vernis d’hypocrisie, les sujets qui dérangent. De ce rejet pourtant orchestré d’une main bourgeoise, Josette avait la sève qui donne aux sauvageons la force de vie peu encline à succomber à l’habitude de ces gens englués dans les certitudes d’un confort d’agonisants jugeant sans procès tant ils sont persuadés de leur vérité vide de jugeote et d’arguments justes.
Ces braves gens avaient la mansuétude de la guimauve dégoulinante de parfums artificiels, la compassion condescendante d’une élite de barreaux de chaises écrasées par les conventions.
Les années s’étaient enchainé les unes aux autres sans surprises et sans intérêts. Josette avait été le moteur bridé d’un foyer sans envergures. On l’avait bien aimé pourvu qu’elle se la ferma tant elle était capable d’originalité dérangeante et de revendications égoïstes de femelles mal éteintes. Il fallait s’y résoudre, le volcan explosa sans qu’aucun chantage sentimental et financier ne puisse l’arrêter.
***
Elle avait chassé sa mère de sa mémoire et l’autre chenille de Cathy à coups de balai. Ce printemps-là, la météo était au beau. Le ciel était bleu et quand il tournait à la pluie, celle-ci rebondissait joyeusement sur les chevilles de Josette qui étincelait de bonheur. Elle n’entendait plus rien d’autre que le chant des oiseaux et l’appel de son oxygène. Non vraiment, la vie valait le coup de se battre…
Il lui restait quoi ? Elle comptait sur ses doigts. Dix, vingt… Raisonnablement, trente ans. Elle se lança, elle verrait au fil du temps. Pour l’heure, elle se laissait porter par son enthousiasme. Elle laissa en plan son mari qui l’aimait au moins autant que la TV et les mots croisés à l’ombre des volets clos. Elle enferma l’indispensable dans un sac à dos, peu importait le but du voyage mais le chemin avait un goût de liberté avec ses contingences financières. Peu importait qu’elle fasse de cette autonomie n’importe quoi ou rien, elle goûtait aux plaisirs simples du quotidien sans s’inquiéter de l’heure de la soupe ou des manies d’un entourage qui lui pourrissait la vie. Son choix fut simple.
Elle prit la route avec la confiance que tout problème trouvait sa solution. Elle posait son bivouac à l’abri des regards indiscrets et se payer quelquefois le luxe d’un gite d’étape. C’était bientôt l’été, elle se fondait dans la masse des estivants qui exportaient leur triste routine en camping tout confort et des pèlerins qui se payaient le luxe de quelques jours de méditation dans la panoplie du parfait randonneur. Elle s’amusait de cette fourmilière dont les premiers mots qui jaillissaient de leurs lèvres, venaient invariablement de la même préoccupation. Il était insensé qu’une femme marche seule sur des kilomètres de chemin et dorme dans un taillis, un fossé sans la moindre protection d’une âme sœur.
En effet, Josette mesurait les risques qu’elle prenait ; elle savait que nulle part, elle pourrait trouver du secours, en tous cas un secours immédiat sans prendre des risques d’une rencontre peu amène. Elle était seule face à ses décisions et seule responsable de sa situation aléatoire. Pourtant, la sans abri volontaire coupait court à cette question de sécurité qui précédait immédiatement celles des contingences pratiques. Le sac pesait lourd sur ses épaules mais ce n’était certes rien, à côté des souvenirs qu’elle engrangeait pour ses vieux jours. L’eau des cimetières et les baies sauvages avaient le goût enivrant de la quête et son air de sauvageonne auréolée de son petit linge qui finissait de sécher sur un bâton fiché entre les bretelles de son sac, lui enlevait toute ombre du soupçon de féminité qui aurait pu sommeiller en elle.
Si elle bougonnait des efforts à fournir pour franchir un col ou plus simplement atteindre un village qui n’en finissait pas d’échapper à sa vue alors qu’elle avançait à grands coups de soupirs reprenant son souffle à chaque lacet, elle n’enorgueillissait des capacités qu’elle se découvrait. Elle aspirait pleinement à n’avoir aucun projet, aucune peur. Elle vivait l’instant. Un vol de corneilles l’émerveillait. Elle découvrit la gentillesse de certaines gens qui lui proposait leur aide sans qu’elle ne demandât rien d’autre qu’un brin de causette autour d’un verre. Ce n’était que de brèves rencontres mais elles avaient la saveur fugace des parfums, l’instant figé dans la mémoire comme les portraits d’un tableau. Il y eut bien la vieille qui souleva son rideau quand elle eut pris la sage précaution de pousser le loquet de sa porte et ce fermier sur la défensive quand le caquetage de ses poules l’avertit de la présence de Josette. Mais il rompit de lui-même la glace quand il s’aperçut que sous son aspect de saltimbanque, Josette n’aurait pas fait de mal à une mouche. Elle repartit avec un saucisson maison et des œufs en paiement d’un poème sur l’âme contrariée d’une vache.
Quand enfin, elle se fut installée dans sa nouvelle vie, elle se souvenait souvent et avec tendresse de ces figures qui avaient partagé avec elle un bref instant. Cette femme qui lui donna de l’eau dont elle parla comme d’un grand cru, en caressant la bouteille : « Celle-là est de chez nous, c’est de la meilleure, vous m’en direz des nouvelles ! ». Il y avait ce limonadier perdu dans les monts du Roannais qui ouvrit son café afin que la marcheuse gorgée de soleil comme une pêche prête à s’éclater sur une pierre, puisse étancher sa soif avec de l’eau du robinet.
– Au prix d’un diabolo ou d’un Ricard mais sans l’anis ni l’alcool, fit Josette
– Au rythme où vous enchainez les verres, ça ferait bien vingt doses de Ricard, rigola le patron qui ajouta : Allez, c’est ma tournée ! De l’eau avec des bulles au moins… Sinon un rosé bien frais !
– On fait comme ça. Je ne voudrais pas faire honte à votre établissement mais ensuite, je file. Je dois atteindre le village au-dessus.
– Vous avez rendez-vous ?
– Pas précisément… Je me vide la tête en marchant.
– En attendant vidons cette bouteille…
De client étonné de voir l’établissement ouvert en habitué curieux, alors que la chaleur grillait les bois noirs du massif, elle passa un long moment parmi ces hommes rudes mais curieux du parcours de cette passante peu ordinaire.
Un vieil homme solitaire qui guettait pour se distraire, le passage des pèlerins devint le héros anonyme d’une fiction que Josette créa pour un commanditaire en panne de plume comme elle-même, la pauvre fille longtemps moquée dans le cercle restreint de sa famille, endossa la peau de son auteur qui se fit écrivain public l’hiver venu pour gagner sa croûte. Elle proposait ses services pour corriger un mémoire truffé de fautes d’orthographe ou tourner une lettre. Elle couchait la vie de ses clients sur le papier pour qu’il reste quelque chose d’eux quand ils auraient disparu. Elle y gagna leur estime. Mais sa plume ne s’arrêtait pas là. Elle créait pour son plaisir des fictions qui faisaient rire, rêver ou pleurer. ElIe se fit une petite réputation mais elle n’avait pas l’ambition de la notoriété. Elle maniait le poignet comme ceux-là lèvent le coude et ces autres s’adonnent au jogging. C’était sa drogue. Elle se fit auteur.
***
L’idée avait germé comme une boutade dans la tête d’un ami de galère quand il fallut me résoudre à demander le RSA mais le RSA, ça se mérite et à cinquante ans passés, passés en femme au foyer polyvalente, la seule planche de salut, c’est l’arrangement d’un CV bidon bien torché.
– Vous devez vous engager dans un projet et prouver que vous voulez vous en sortir, fit la référente Pôle Emploi.
– En me culpabilisant de n’être pas restée dans la négation de moi-même, d’avoir travaillé dans l’ombre ? fit Josette qui d’entrée, s’énerva.
– Remplissons ensemble votre dossier… Que savez-vous faire ?
– Euh, la liste est longue mais professionnellement RIEN ou si peu de choses à signaler.
– Mais avez-vous déjà travaillé ?
– Oui mais c’est si vieux.
– Ne vous en faites pas. De toute manière, vous êtes une femme, sans expériences. Cinquante-et-un ans. On n’aura rien pour vous.
– Ah ! Donc je crève la faim. Je mérite moins qu’un type au bout du rouleau.
– Ou si peut-être… J’y songe… Les enfants, vous aimez ?
– Je préfère le grand air, le silence et la solitude. Les enfants, ça braille…
– Tireuse d’asperges ou bien marieuse de kiwis, la saison est proche pour ses missions délicates. Aucune qualification requise.
– Tireuse d’asperges… Ben ça me botte. Vive la culture ! s’esclaffa Josette puis se reprenant : « ça existe, vous êtes certaine ? »
– Je ne vous permets pas, je connais mon métier.
– …
– C’est comme ça. Vous n’avez pas le bon profil. Sérieusement, vous savez faire quoi ?
– Lire et écrire, répondis-je toute fière du souvenir d’un candidat qui se présenta un jour à la suite d’une annonce pour un emploi de secrétaire auprès du général De Gaulle qui le recruta en se contentant de répondre : « Bon pour le service »
Ce sésame signa pour moi mon retour à la société que je ne redoutais plus puisque j’en avais moi-même jeté les dés pipés.
– Je vous inscris pour un stage. Autoentrepreneur… Ça vous tente ?
– Euh…
– Trois mois. Vous verrez…
– Et ça débouche sur quoi ?
– Ce sera à vous de voir !
Nègre, ça m’allait comme un gant de velours. Depuis, je me suis plusieurs fois fondue dans la peau d’un prétendu auteur. Lui empruntant ses mots, ses expressions et ses aspirations, en fait devenant celui-ci. Dans un plaisir solitaire, j’enfante le précieux bébé que je ne reconnais pas. Mais c’est avec mes nombreux pseudonymes que je mis définitivement le doigt dans la confiture de la douce duplicité.
Je n’ai pourtant pas le talent de nos grands classiques, je ne cisèle pas les mots comme un Zola, je ne les martyrise pas comme un Queneau. Pire, j’ai un truc qui me pousse souvent dans le creux de la main qu’on nomme le don de la paresse. Je suis le jardinier de mon imagination fertile dont je ne couche pas si souvent les histoires sur la page vierge et pourtant, j’ai la vanité du scribouillard qui bat des mains quand on lit ses bluettes. Décidément Josette a bien changé, l’humiliation lui coule sur la peau comme l’eau fraiche d’un torrent qui engloutit l’autre comme l’arroseur arrosé et sa compassion ne va plus jusqu’à tendre la main salvatrice à son minable bourreau.
Par son auteur, son alter ego, elle vit, elle rit, fait ce qui lui plait. Enfin pas autant que cela. Josette, c’est moi, c’est elle mais elle n’est plus moi. Josette évolue dans la prison de ma plume. D’un coup de trait, je lui ôte la vie dans un thriller. Je la ramène à la vie, lui prête des amants, la condamne au statut de vieille fille, enfin j’ai les pleins pouvoirs sur ce personnage qui fut un jour bien vivant. Je m’arroge le droit d’être menteuse comme un écrivain.
Je prends mille visages, insaisissable gamine dans la peau d’une vieille. Mes personnages souffrent, aiment et disparaissent selon mon bon vouloir. Je mens, contrarie mes lecteurs et invente dix fins à mes histoires pour les séduire et les tenir en haleine car ils s’accrochent à mes mensonges, les bougres. Auteur, je prétends donc à l’Académie des manipulateurs cabotins.
Pourtant mes articles politiques épinglent ces quelques manipulateurs toxiques qui croisent mon existence sans que je ne les laisse jamais utiliser mes faiblesses et mes doutes… Mieux, je les traque, les débusque. Un safari jouissif qui alimente mon zoo de papier ! SI je suis devenue cynique avec ces pantins qui ne doivent leur salut qu’aux pompages de leurs souffre-douleurs comme le font les mouches à merde en pondant leurs œufs pourris sur la viande fraiche, je ne porte pas en moi, le fiel du ressentiment. Au contraire, quand les ennuis viennent se fracasser contre les murs de ma maison, je remercie ces empêcheurs de tourner en rond qui, certes bien involontairement, me menèrent sur la voie de l’écriture alors que celles-ci privées un jour de la sève dont elle se nourrissait, se ratatinèrent comme les rejetons coupés d’un fruitier.
Vade retro Vanitas ! Désormais, je sais ce que je vaux et je n’ai même plus le mal de le prouver. Et puis de vous à moi, je m’en fous. Ce fut pourtant par un coup de bluff que je perçais d’une dent de sagesse enfin ma chrysalide.

– La famille est mon pire allié pour la vie, finissait par se convaincre Josette mais au fond d’elle-même, la colère bout. Elle finit par rompre avec ce nœud de vipères pour se laisser porter vers un autre destin.


Mahea
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Messages : 905


Posté à 19h30 le 14 Nov 17

Il est long le chemin, pour enfin se rencontrer... Bise à Josette Salut


Marcek
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Messages : 5106


Posté à 11h38 le 27 Dec 17

Félicitations à cette Josette intrépide et bonne route à cette courageuse ! Salut


Ann
Modérateur
Messages : 3488


Posté à 19h39 le 28 Dec 17

Je lui transmettrai :)


Ancienmembre
Membre
Messages : 395


Posté à 22h24 le 28 Dec 17

T'as quand-même bien fait de poster ça dans textes longs clindoeil


Ann
Modérateur
Messages : 3488


Posté à 23h22 le 28 Dec 17

Désolée y'avait pas section texte trop long Salut


Aurorefloreale
Membre
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Posté à 09h05 le 29 Dec 17

Bel exemple d'une femme de caractère qui escalade toutes difficultés avec ardeur et intelligence!

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