Entre deux âges
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Ici sous l'azur jadis s'étendait un pays sans hâte La garrigue annonçait de loin les lavandes sauvages en train d'infuser dans l'air mauve du crépuscule Les bûcherons du pas sûr des tortues d'Hermann frayaient les sentes des forêts
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Sarriette et serpolet y contraignaient le lièvre pour un dernier regard aux reliques d'or laissées par une frange de jour sur les collines obscures à s'asseoir sur son coussin blanc moustaches frémissantes
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Enveloppées par la tiédeur du soir que réfractait la pierre des murs devant leur pas de porte assises les vieilles du village échangeaient des histoires de drames intimes en faisant parfois grincer leurs chaises de fer
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D'ultimes vols d'hirondelles et de martinets en criant disposaient au ciel leurs étoiles préférées avant d'aller dormir sous les auvents des toits tandis que les grands cyprès du cimetière veillaient sur les tombes illunées
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Et parfois un feu-follet s'arrêtait perplexe devant l'un ou l'autre ver-luisant pareil à une escarboucle tombée du firmament mais une saute de brise l'emportait comme à chaque 11 Novembre le vent emportait les noms des aïeux
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C'était un temps où les hommes aux champs et dans les vignes s'activaient avec une lente frénésie se lançant des galéjades en une langue aux consonances métalliques souvenir des armures des Purs jadis persécutés
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Au-delà des pins l'on sentait qu'au sud la mer était proche avec sa mousse de rêves immaculés qui venait contre le rouge roide des calanques claquer inlassable comme le tzitzitzi régulier des cigalons fauteurs d'éternité...
" Sarriette et serpolet y contraignaient le lièvre pour un dernier regard aux reliques d’or laissées par une frange de jour sur les collines obscures à s’asseoir sur son coussin blanc moustaches frémissantes"
¿Volveremos a la huella que creímos borrada?
Amanece. Los viejos atisban el recuerdo.
Caminan entre geranios eternos.
Tal vez evoquen los hijos,
otros árboles ya muertos, lejanos,
aquel roble sedoso
que encontraron apenas despegando
cotiledones de oro.
Era una sombra entre gigantes,
burbujas de magnolia,
lo secreto.
Tal vez repitan las mismas frases
y los hijos tejan redes de vapor
cuando los viejos no intenten entonar
esa olvidada melodía.
Es hora de volver a casa.
Cada tanto él se inclina y le obsequia
secas hojas este otoño.