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Auteurs Messages

Lasource
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Posté à 13h16 le 21 Jul 17

Sur la ponctuation :

1) distinguer d’abord trois niveaux :

a) le monde (et ses objets, dits « référents » des mots) ===>matériel
_____________

b) le sens qui attache (encodage) les mots au monde ====> (immatériel-esprit)
________

c) les mots ===> (matériels - l’écrit, les signes divers)

Ce qui concerne la ponctuation c’est B) et C).
C) est la façon par des signes de rendre B) le mieux compréhensible possible. Autrement dit que la parole soit la plus adéquate à ce que l’on veut dire du monde réel auquel on se réfère.

2) La ponctuation a le même rôle que pour un automobiliste les panneaux de signalisation du bord de route.

Je résume en gros :
la virgule signifie que des tronçons de langage voisinent, qui syntaxiquement n’en auraient pas normalement le droit.
Exemple d’une phrase en ordre normal du français avec les quatre fonctions essentielles :

Le cordonnier (sujet) répare (verbe conjugué) ma chaussure (COD) dans son échoppe. (C .circ)

Si je change l’ordre pour des raisons thématiques :

Dans son échoppe, le cordonnier répare ma chaussure.

Je dois mettre virgule après échoppe car la place normale du circonstanciel dans l’ordre d’importance de l’information ( Auteur/cause - action/verbe conj. - victime/effet COD - circonstances spatio-temporelles, Ct Circ.) est en 4ème position. On peut expliquer cet ordre car il est scientifique, mais le temps me manque.

Autres exemples :

Ma chaussure, dans son échoppe, le cordonnier me [la] répare.
De fait, la virgule a ce seul rôle de permettre d’identifier que des groupes de mots sont placés dans un ordre syntaxique anormal. Ainsi dans l’apposition :

Mon père, un homme très gentil du reste, piquait souvent des colères homérique en plein salon.

Souvent, en plein salon, mon père, un homme très gentil du reste, piquait des colères homérique

Souvent, adverbe, devrait normalement se trouver contre son verbe…

Je passe ! Je ne veux pas me perdre ni faire un traité de 300 pages. Voyons les autres signes :

Le point :

signifie que le tronçon de mot est fini. Qu’il soit complet ou elliptique. Et que l’on va donc en attaquer un nouveau. Ce point vient du zéro sanscrit, et veut dire « rien ». Il remplaçait pour économies de place, les blancs entre phrases sur les stèles, ou aussi l’absence de blancs entre les séquences de mots qui rendaient les lignes continues de langage sources de malentendus. Ce point dans les manuscrits arabes anciens est représenté par un o, parfois orné comme une petite fleur, puisque les arabes ont remplacé le point, censé pointer « rien », par l’entourage du rien, un cercle autour – en enlevant donc logiquement le point lui-même qui était encore « quelque chose ».

Le point-virgule :

Pose des problèmes aux gens, pourtant c’est facile : c’est 1) un « point » puisque le tronçon matériel de la phrase est grammaticalement, matériellement, clos, complet. Mais c’est une virgule aussi car il signifie que 2) le sens de la phrase continue, qu’il va être complété par une suite informante qui grammaticalement ne devrait pas être là, pour raison d’ellipse ou autre.

Exemple :

Les amis viennent souvent me voir à des heures indues ; me dérangent sans scrupules ; demandent à lire mes derniers manuscrits même à onze heures du soir.

Les deux points :

Ils sont en quelque sorte une « porte de sortie » qui dit : vous devez comprendre la phrase qui suit les deux points en vous fondant sur celle qui est avant les deux points.

Ex.
Les oiseaux migrateurs sont partis : l’automne rougit les feuilles.

Ici, relation explicative (comme souvent) cause à effet, ou effet à cause.
Cependant, les deux points OBLIGENT le lecteur à inventer, imaginer un rapport.
Exemple :
Mes voisins sont insupportables : les casseroles de cuivre sont bruyantes.
Je me lève souvent à l’aurore : une fenêtre claque dans l’immeuble d’en face.

Pour les trois points de suspension, c’est facile à comprendre :

La phrase joue le rôle des rails du train, la lecture(le sens) la parcourt comme une locomotive.
Les trois points disent : pour les rails, la phrase, c’est fini matériellement. Mais pour le sens, la locomotive, elle continue à travers la campagne ! Le lecteur doit à imaginer la suite tout seul, sur sa lancée :
Ex.
Lorsqu’on se rappelle sa jeunesse, ce qui nous revient d’abord ce sont les souvenirs de nos amours… (Les trois points signifient « repensez à vos propres expériences de vos amours de jeunesse. »)

Le point d’interrogation demande un complément de sens (une réponse).

Le point d’exclamation signifie qu’il y a « pléthore de sens » et que le lecteur facilement comprendra tout ce qu’on n’a pas dit, car il est informé
suffisamment, il a « la culture nécessaire » :

ex. (Deux gardiennes d’immeuble discutent :)
- Elle est mignonne la petite du quatrième...
- Oui, mais hier à minuit je l’ai vue monter discrètement au cinquième !
(Sous-entendu : « au cinquième, tu sais bien qu’il y a ce monsieur célibataire
qui adore les aventures galantes, etc... »)

S'il y a des questions, j'y répondrai dès que j'aurai une minute.
Amicalement.
















Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 14h36 le 21 Jul 17

merveilleux Lasource qui trouve encore le temps de nous donner petit cours pour la ponctuation, tellement important la ponctuation , mon, grand)père a gagne un procès juste sur la signification d'une virgule mal placée dans le contexte de la plaidoirie...


La présence de cette virgule changea tout le sens



la plaidoirie en question, et il gagna le procès



Depuis que le sais , je fais fort attention à la ponctuation qui se perd tellement de nos jours à n'y rien comprendre!


Sylvain2023
Membre
Messages : 892


Posté à 15h16 le 21 Jul 17

Hoooo Monsieur Lasource c'est vraiment gentil ça ! Je vais me pencher sur ça dès ce soir ...chouette alors !

Bonne journée à tout le monde :)


Ancienmembre
Membre
Messages : 391


Posté à 15h29 le 21 Jul 17

Super intéressante la classification !

J'en suis resté à 2 niveaux :

- indication de sens pour l'écrit, (d'aide à la structuration grammaticale, comme tu le mentionnes)

-indication de rythme (pauses, silences, respirations, effets, ton) pour l'oralisation

Voltaire disait à son imprimeur, à peu près et de mémoire :

"... quant à l'orthographe et à la ponctuation, je vous laisse maître de ce petit peuple-là"

"

Merci !


Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 16h24 le 21 Jul 17

Ponctuation
En versification,
Respiration en oxygène
Poumons rassasiés
en vapeurs d'été
empreinte de fantaisies,
Quand je respire , je pense
aux fantaisies d'aujourd'hui...

,;:=)¨^*(§)°<:)=+/?^****)=)))


Lasource
Membre
Messages : 4751


Posté à 17h33 le 21 Jul 17

Mon cher Lo, d'évidence, l'oral n'avait pas besoin de ponctuation, justement parce que le locuteur dispose du ton, des accents des respirations, du rythme, etc. Et qu'il peut corriger s'il voit que pointe un malentendu. C'est donc pour l'écrit qu'elle est devenue (dans certains cas, pas forcément en poèmes) indispensable. L'absenter c'est désirer que les mots "bavent", déteignent davantage les uns sur les autres, pour produire des effets suggestifs, des surprises, de la liberté. MAIS LE BUT DE PONCTUER EST INVERSE: il s'agit d'éviter au maximum ces effets, pour que le lecteur interprète l'information donnée le moins faussement possible. Voltaire n'avait pas raison, excepté que les imprimeurs de son temps savaient fort bien ponctuer les textes, qu'ils savaient également fort bien comprendre, il faut le dire !
Aujourd'hui c'est différent. Dans nombre de cas, mieux vaut éviter équivoques et malentendus, pour un public prompt à comprendre de travers et peu formé aux lettres...

Salut Salut Salut


Lasource
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Messages : 4751


Posté à 17h42 le 21 Jul 17

PS, j'espère que certains y trouveront des facilités pour leur usage. J'ai tenté de vous transposer une analyse linguistique scientifique de la chose, dans ce qu'elle a d'essentiel. Il y aurait des volumes entiers à rédiger pour rentrer dans le détails de tous les cas qu'on peut analyser dans la littérature, mais tous peu ou prou sont régis par les principes que j'expose. Bien entendu, les vieilles explications "philologiques" (la virgule pour "respirer" et autres fariboles) sont parfaitement périmées !!! Salut


Pierre
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Posté à 17h46 le 21 Jul 17

Moi je comprends jamais de travers, la preuve: cette question qui me taraude depuis le début de ma lecture (et là je remets deux points): depuis que tu l'amènes chez le cordonnier ta godasse, est-elle enfin réparée? cool


Lasource
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Messages : 4751


Posté à 17h46 le 21 Jul 17

2eme PS : le "sens" n'a pas forcément besoin d'un support écrit donné. Il peu demeurer et que l'on change, par exemple un énoncé français en énoncé anglais, pour "dire la même chose". Seul le code, la langue, change, le sens et ses référents restent identiques. Ça s'appelle "traduire". Cela pour expliquer que les niveaux de Lo aujourd'hui n'ont plus cours, cet oued-là est à sec !


Lasource
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Messages : 4751


Posté à 17h49 le 21 Jul 17

Cher Pierre, tu me rappelles une fois où petit, je devais calculer le périmètre d'un champ, pour l'école. Mon père me voyant sécher me demande: qu'est-ce qui ne va pas ? tu ne sais pas faire le calcul ?"
- Non Papa, c'est pas ça, mais j'ai besoin de savoir ce qu'il y a dans ce champ, des vaches, des moutons ?"

Sourire


Pierre
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Messages : 6471


Posté à 17h53 le 21 Jul 17

veau, vache, cochon, couvée...

Dis, pour le PS premier, je ne suis pas d'accord. Je respire moi mossieu à la virgule, surtout si la phrase est trop longue et j'en connais qui en font...

Sans rire, j'ai aimé Céline tout de suite (platoniquement s'entend), à cause de ses phrases que j'ai trouvé courtes et souvent suspendues par des points.


Ancienmembre
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Posté à 17h56 le 21 Jul 17

Je disais que que pour le sens :

je mange une glace, au café...

c'est bien la virgule

Salut


Pierre
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Posté à 18h05 le 21 Jul 17

oui Violette.
J'avais lu un truc antisémite immonde de lui, mais bon sang que c'était bien écrit! Les mots ainsi donnés sont tellement dangereux parfois...


Pierre
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Posté à 18h12 le 21 Jul 17

oui. Je pense encore et toujours que l'œuvre n'est pas l'auteur et qu'on peut aimer l'une en n'appréciant pas l'autre


Pierre
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Messages : 6471


Posté à 18h23 le 21 Jul 17

La complexité des hommes...
Comment ne retenir d'eux qu'une part?

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