Voici maintenant la photo de la page du livre "Les Musardises"

Pour bien lire le poème sur la première photo, mettez le zoom de votre navigateur à 250

Voici donc le texte tel qu'en lui-même !


Le petit chat

C'est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s'assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,
Le frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l'air étonné d'avoir déjà fini.
Et comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

In les Musardises, 1911

Ecrit par Edmond ROSTAND

C'est beau !
Ah, oui ! ...Et puis, "la frôle", ça aurait été, peut-être, la soucoupe ?
- Mais ce changement impromptu d'article crée un flottement qui tient plus de l'impréhensible que de la versification classique de Rostand !

...sont com me deux agates : 7 ?!..

avec la liaison ? Petit patapon , peut être? mais je pense que non ...

Ayant pris / son museau dans ses pattes : 7 aussi !! ?

Non, non, 6 !
Les "e" muets de fin de vers ne comptent pas !
La voix les avale naturellement, sauf à Sète, et c'est pourquoi les alexandrins de Brassens ont 13 syllabes !

Je pensais que le "e" muet était seulement au singulier ...

pattes : le son "tes' le "t" ne se prononce pas alors ?!...

Dans ses pat'
1. 2. 3
Dans ses. pat. tes
1. 2. 3. 4

Dans / ses / pat / tes / je / vois / une / bal / le / mi / gnon'
Ici on entend le e de pattes , mais le e de mignonne est muet car il est à la fin du vers . Tu comptes alors 12 pieds

dans poetes d'hier , le texte d'E.Rostand

La frôle mis pour soucoupe ..

Alors ? ...! Quel est le bon ?!...

Excellente question, Sylvain, et excellente remarque, Aurore ! Merci, Macha de ton questionnement.
Si vous allez relire nos artistes d'hier, vous trouverez les textes tels que je les retranscris ici.
Je n'ai pas en effet le pouvoir de les modifier...
Mais rendons à César ce qui est à César : Salus m'a alertée sur les nombreuses erreurs qui constellent 10 % environ des textes de nos grands poètes, et j'ai imaginé ce jeu, afin que chacun participe à la remise en l'état de nos chefs - d' oeuvres en péril...Cela vous permettra aussi de fréquenter plus assidûment cette section du site...LOL
Vous imaginez la somme de travail que nécessite l'épluchage de tous ces poèmes et les recherches permettant de retrouver la version originale. J'apporte ma petite aide ponctuelle à Salus, petite car je n'ai ni sa culture ni son implication exceptionnelles. J'espère que vous vous prendrez au jeu et que vous prendrez vous aussi beaucoup de plaisir à chercher la petite bête, tout en lisant et relisant ces pages éternelles !

Macha, tu as à la page 3, la version originale du poème de Rostand confirmée par les deux photos

J'aime bien ce jeu ....j'aime bien jouer ...j'aime bien chercher...je suis un chercheur...il faut continuer ce topic me plaît bien :)

Je prépare la suite...